La chartreuse de parme

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La chartreuse de parme

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The Project Gutenberg EBook of La Chartreuse de Parme, by Stendhal This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org/license Title: La Chartreuse de Parme Author: Stendhal Release Date: June 29, 2013 [EBook #796] Language: French *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA CHARTREUSE DE PARME *** Produced by Tokuya Matsumoto LA CHARTREUSE DE PARME par Stendhal LIVRE PREMIER Gia mi fur dolci inviti a empir le carte I luoghi ameni Ariost, sat IV CHAPITRE PREMIER Milan en 1796 Le 15 mai 1796, le gộnộral Bonaparte fit son entrộe dans Milan la tờte de cette jeune armộe qui venait de passer le pont de Lodi, et dapprendre au monde quaprốs tant de siốcles Cộsar et Alexandre avaient un successeur Les miracles de bravoure et de gộnie dont lItalie fut tộmoin en quelques mois rộveillốrent un peuple endormi; huit jours encore avant larrivộe des Franỗais, les Milanais ne voyaient en eux quun ramassis de brigands, habituộs fuir toujours devant les troupes de Sa Majestộ Impộriale et Royale: cộtait du moins ce que leur rộpộtait trois fois la semaine un petit journal grand comme la main, imprimộ sur du papier sale Au Moyen Age, les Lombards rộpublicains avaient fait preuve dune bravoure ộgale celle des Franỗais, et ils mộritốrent de voir leur ville entiốrement rasộe par les empereurs dAllemagne Depuis quils ộtaient devenus de fidốles sujets, leur grande affaire ộtait dimprimer des sonnets sur de petits mouchoirs de taffetas rose quand arrivait le mariage dune jeune fille appartenant quelque famille noble ou riche Deux ou trois ans aprốs cette grande ộpoque de sa vie, cette jeune fille prenait un cavalier servant: quelquefois le nom du sigisbộe choisi par la famille du mari occupait une place honorable dans le contrat de mariage Il y avait loin de ces murs effộminộes aux ộmotions profondes que donna larrivộe imprộvue de larmộe franỗaise Bientụt surgirent des murs nouvelles et passionnộes Un peuple tout entier saperỗut, le 15 mai 1796, que tout ce quil avait respectộ jusque-l ộtait souverainement ridicule et quelquefois odieux Le départ du dernier régiment de l’Autriche marqua la chute des idées anciennes: exposer sa vie devint à la mode; on vit que pour être heureux après des siècles de sensations affadissantes, il fallait aimer la patrie d’un amour réel et chercher les actions héroïques On était plongé dans une nuit profonde par la continuation du despotisme jaloux de Charles Quint et de Philippe II; on renversa leurs statues, et tout à coup l’on se trouva inondé de lumière Depuis une cinquantaine d’années, et à mesure que l’Encyclopédie et Voltaire éclataient en France, les moines criaient au bon peuple de Milan, qu’apprendre à lire ou quelque chose au monde était une peine fort inutile, et qu’en payant bien exactement la dỵme à son curé, et lui racontant fidèlement tous ses petits péchés, on était à peu près sûr d’avoir une belle place au paradis Pour achever d’énerver ce peuple autrefois si terrible et si raisonneur, l’Autriche lui avait vendu à bon marché le privilège de ne point fournir de recrues à son armée En 1796, l’armée milanaise se composait de vingt-quatre faquins habillés de rouge, lesquels gardaient la ville de concert avec quatre magnifiques régiments de grenadiers hongrois La libertộ des murs ộtait extrờme, mais la passion fort rare; dailleurs, outre le dộsagrộment de devoir tout raconter au curộ, sous peine de ruine mờme en ce monde, le bon peuple de Milan ộtait encore soumis certaines petites entraves monarchiques qui ne laissaient pas que dờtre vexantes Par exemple larchiduc, qui rộsidait Milan et gouvernait au nom de lEmpereur, son cousin, avait eu lidộe lucrative de faire le commerce des blộs En consộquence, dộfense aux paysans de vendre leurs grains jusqu ce que Son Altesse eỷt rempli ses magasins En mai 1796, trois jours aprốs lentrộe des Franỗais, un jeune peintre en miniature, un peu fou, nommộ Gros, cộlốbre depuis, et qui ộtait venu avec larmộe, entendant raconter au grand cafộ des Servi ( la mode alors) les exploits de larchiduc, qui de plus ộtait ộnorme, prit la liste des glaces imprimộe en placard sur une feuille de vilain papier jaune Sur le revers de la feuille il dessina le gros archiduc; un soldat franỗais lui donnait un coup de baùonnette dans le ventre, et, au lieu de sang, il en sortait une quantitộ de blộ incroyable La chose nommộe plaisanterie ou caricature nộtait pas connue en ce pays de despotisme cauteleux Le dessin laissộ par Gros sur la table du cafộ des Servi parut un miracle descendu du ciel; il fut gravộ dans la nuit, et le lendemain on en vendit vingt mille exemplaires Le mờme jour, on affichait lavis dune contribution de guerre de six millions, frappộe pour les besoins de larmộe franỗaise, laquelle, venant de gagner six batailles et de conquộrir vingt provinces, manquait seulement de souliers, de pantalons, dhabits et de chapeaux La masse de bonheur et de plaisir qui fit irruption en Lombardie avec ces Franỗais si pauvres fut telle que les prờtres seuls et quelques nobles saperỗurent de la lourdeur de cette contribution de six millions, qui, bientụt, fut suivie de beaucoup dautres Ces soldats franỗais riaient et chantaient toute la journộe; ils avaient moins de vingt-cinq ans, et leur gộnộral en chef, qui en avait vingt-sept, passait pour lhomme le plus õgộ de son armộe Cette gaietộ, cette jeunesse, cette insouciance, rộpondaient dune faỗon plaisante aux prộdications furibondes des moines qui, depuis six mois, annonỗaient du haut de la chaire sacrộe que les Franỗais ộtaient des monstres, obligộs, sous peine de mort, tout brỷler et couper la tờte tout le monde A cet effet, chaque rộgiment marchait avec la guillotine en tờte Dans les campagnes lon voyait sur la porte des chaumiốres le soldat franỗais occupộ bercer le petit enfant de la maợtresse du logis, et presque chaque soir quelque tambour, jouant du violon, improvisait un bal Les contredanses se trouvant beaucoup trop savantes et compliquộes pour que les soldats, qui dailleurs ne les savaient guốre, pussent les apprendre aux femmes du pays, cộtaient celles-ci qui montraient aux jeunes Franỗais la Monfộrine, la Sauteuse et autres danses italiennes Les officiers avaient ộtộ logộs, autant que possible, chez les gens riches; ils avaient bon besoin de se refaire Par exemple, un lieutenant nommé Robert eut un billet de logement pour le palais de la marquise del Dongo Cet officier, jeune réquisitionnaire assez leste, possédait pour tout bien, en entrant dans ce palais, un écu de six francs qu’il venait de recevoir à Plaisance Après le passage du pont de Lodi, il prit à un bel officier autrichien tué par un boulet un magnifique pantalon de nankin tout neuf, et jamais vêtement ne vint plus à propos Ses ộpaulettes dofficier ộtaient en laine, et le drap de son habit ộtait cousu la doublure des manches pour que les morceaux tinssent ensemble; mais il y avait une circonstance plus triste: les semelles de ses souliers ộtaient en morceaux de chapeau ộgalement pris sur le champ de bataille, au-del du pont de Lodi Ces semelles improvisộes tenaient au-dessus des souliers par des ficelles fort visibles, de faỗon que lorsque le majordome de la maison se prộsenta dans la chambre du lieutenant Robert pour linviter dợner avec Mme la marquise, celui-ci fut plongộ dans un mortel embarras Son voltigeur et lui passốrent les deux heures qui les sộparaient de ce fatal dợner tõcher de recoudre un peu lhabit et teindre en noir avec de lencre les malheureuses ficelles des souliers Enfin le moment terrible arriva ôDe la vie je ne fus plus mal mon aise, me disait le lieutenant Robert; ces dames pensaient que jallais leur faire peur, et moi jộtais plus tremblant quelles Je regardais mes souliers et ne savais comment marcher avec grõce La marquise del Dongo, ajoutait-il, ộtait alors dans tout lộclat de sa beautộ: vous lavez connue avec ses yeux si beaux et dune douceur angélique et ses jolis cheveux d’un blond foncé qui dessinaient si bien l’ovale de cette figure charmante J’avais dans ma chambre une Hérodiade de Léonard de Vinci qui semblait son portrait Dieu voulut que je fusse tellement saisi de cette beauté surnaturelle que j’en oubliai mon costume Depuis deux ans je ne voyais que des choses laides et misérables dans les montagnes du pays de Gênes: j’osai lui adresser quelques mots sur mon ravissement «Mais j’avais trop de sens pour m’arrêter longtemps dans le genre complimenteur Tout en tournant mes phrases, je voyais, dans une salle manger toute de marbre, douze laquais et des valets de chambre vờtus avec ce qui me semblait alors le comble de la magnificence Figurez-vous que ces coquins-l avaient non seulement de bons souliers, mais encore des boucles dargent Je voyais du coin de lil tous ces regards stupides fixộs sur mon habit, et peut-ờtre aussi sur mes souliers, ce qui me perỗait le cur Jaurais pu dun mot faire peur à tous ces gens; mais comment les mettre à leur place sans courir le risque d’effaroucher les dames? car la marquise pour se donner un peu de courage, comme elle me l’a dit cent fois depuis, avait envo prendre au couvent ó elle était pensionnaire en ce temps-là, Gina del Dongo, sœur de son mari, qui fut depuis cette charmante comtesse Pietranera: personne dans la prospérité ne la surpassa par la gaieté et l’esprit aimable, comme personne ne la surpassa par le courage et la sérénité d’âme dans la fortune contraire «Gina, qui pouvait avoir alors treize ans, mais qui en paraissait dix-huit, vive et franche, comme vous savez, avait tant de peur d’éclater de rire en présence de mon costume, qu’elle n’osait pas manger; la marquise, au contraire, m’accablait de politesses contraintes; elle voyait fort bien dans mes yeux des mouvements dimpatience En un mot, je faisais une sotte figure, je mõchais le mộpris, chose quon dit impossible un Franỗais Enfin une idộe descendue du ciel vint milluminer: je me mis raconter ces dames ma misốre, et ce que nous avions souffert depuis deux ans dans les montagnes du pays de Gờnes oự nous retenaient de vieux gộnộraux imbộciles L, disais-je, on nous donnait des assignats qui navaient pas cours dans le pays, et trois onces de pain par jour Je n’avais pas parlé deux minutes, que la bonne marquise avait les larmes aux yeux, et la Gina était devenue sérieuse «—Quoi, monsieur le lieutenant, me disait celle-ci, trois onces de pain! «—Oui, mademoiselle; mais en revanche la distribution manquait trois fois la semaine, et comme les paysans chez lesquels nous logions étaient encore plus misérables que nous, nous leur donnions un peu de notre pain «En sortant de table, j’offris mon bras à la marquise jusqu’à la porte du salon, puis, revenant rapidement sur mes pas, je donnai au domestique qui m’avait servi à table cet unique écu de six francs sur l’emploi duquel j’avais fait tant de chõteaux en Espagne ôHuit jours aprốs, continuait Robert, quand il fut bien avộrộ que les Franỗais ne guillotinaient personne, le marquis del Dongo revint de son chõteau de Grianta, sur le lac de Cụme, oự bravement il sộtait rộfugiộ lapproche de larmộe, abandonnant aux hasards de la guerre sa jeune femme si belle et sa sur La haine que ce marquis avait pour nous ộtait ộgale sa peur, cest--dire incommensurable: sa grosse figure põle et dộvote ộtait amusante voir quand il me faisait des politesses Le lendemain de son retour Milan, je reỗus trois aunes de drap et deux cents francs sur la contribution des six millions: je me remplumai, et devins le chevalier de ces dames, car les bals commencốrent Lhistoire du lieutenant Robert fut peu prốs celle de tous les Franỗais; au lieu de se moquer de la misốre de ces braves soldats, on en eut pitiộ, et on les aima Cette ộpoque de bonheur imprộvu et divresse ne dura que deux petites annộes; la folie avait ộtộ si excessive et si gộnộrale, quil me serait impossible den donner une idộe, si ce nest par cette rộflexion historique et profonde: ce peuple sennuyait depuis cent ans La voluptộ naturelle aux pays mộridionaux avait rộgnộ jadis la cour des Visconti et des Sforce, ces fameux ducs de Milan Mais depuis lan 1635, que les Espagnols sộtaient emparộs du Milanais, et emparộs en maợtres taciturnes, soupỗonneux, orgueilleux, et craignant toujours la rộvolte, la gaietộ sộtait enfuie Les peuples, prenant les murs de leurs maợtres, songeaient plutụt se venger de la moindre insulte par un coup de poignard qu jouir du moment prộsent La joie folle, la gaietộ, la voluptộ, loubli de tous les sentiments tristes, ou seulement raisonnables, furent poussộs un tel point, depuis le 15 mai 1796, que les Franỗais entrốrent Milan, jusquen avril 1799, quils en furent chassộs la suite de la bataille de Cassano, que lon a pu citer de vieux marchands millionnaires, de vieux usuriers, de vieux notaires qui, pendant cet intervalle, avaient oubliộ dờtre moroses et de gagner de largent Tout au plus eỷt-il ộtộ possible de compter quelques familles appartenant la haute noblesse, qui sộtaient retirộes dans leurs palais la campagne, comme pour bouder contre lallộgresse gộnộrale et lộpanouissement de tous les curs Il est vộritable aussi que ces familles nobles et riches avaient ộtộ distinguộes dune maniốre fõcheuse dans la rộpartition des contributions de guerre demandộes pour larmộe franỗaise Le marquis del Dongo, contrarié de voir tant de gaieté, avait été un des premiers à regagner son magnifique château de Grianta, au-delà de Cơme, ó les dames menèrent le lieutenant Robert Ce château, sit dans une position peut-être unique au monde, sur un plateau de cent cinquante pieds au-dessus de ce lac sublime dont il domine une grande partie, avait été une place forte La famille del Dongo le fit construire au quinzième siècle, comme le témoignaient de toutes parts les marbres chargés de ses armes; on y voyait encore des ponts-levis et des fossés profonds, à la vérité privés d’eau; mais avec ces murs de quatre-vingts pieds de haut et de six pieds dộpaisseur, ce chõteau ộtait labri dun coup de main; et cest pour cela quil ộtait cher au soupỗonneux marquis Entourộ de vingt-cinq ou trente domestiques quil supposait dộvouộs, apparemment parce quil ne leur parlait jamais que linjure la bouche, il ộtait moins tourmentộ par la peur qu Milan Cette peur nộtait pas tout fait gratuite: il correspondait fort activement avec un espion placộ par lAutriche sur la frontiốre suisse trois lieues de Grianta, pour faire ộvader les prisonniers faits sur le champ de bataille, ce qui aurait pu ờtre pris au sộrieux par les gộnộraux franỗais Le marquis avait laissé sa jeune femme à Milan: elle y dirigeait les affaires de la famille, elle était chargée de faire face aux contributions imposées à la casa del Dongo, comme on dit dans le pays; elle cherchait à les faire diminuer, ce qui l’obligeait à voir ceux des nobles qui avaient accepté des fonctions publiques, et même quelques non nobles fort influents Il survint un grand événement dans cette famille Le marquis avait arrangé le mariage de sa jeune sœur Gina avec un personnage fort riche et de la plus haute naissance; mais il portait de la poudre: à ce titre, Gina le recevait avec des éclats de rire, et bientôt elle fit la folie d’épouser le comte Pietranera C’était à la vérité un fort bon gentilhomme, très bien fait de sa personne, mais ruiné de père en fils, et, pour comble de disgrâce, partisan fougueux des idées nouvelles Pietranera était sous-lieutenant dans la légion italienne, surcrt de désespoir pour le marquis Après ces deux années de folie et de bonheur, le Directoire de Paris, se donnant des airs de souverain bien établi, montra une haine mortelle pour tout ce qui n’était pas médiocre Les généraux ineptes qu’il donna à l’armée d’Italie perdirent une suite de batailles dans ces mờmes plaines de Vộrone, tộmoins deux ans auparavant des prodiges dArcole et de Lonato Les Autrichiens se rapprochốrent de Milan; le lieutenant Robert, devenu chef de bataillon et blessộ la bataille de Cassano, vint loger pour la derniốre fois chez son amie la marquise del Dongo Les adieux furent tristes; Robert partit avec le comte Pietranera qui suivait les Franỗais dans leur retraite sur Novi La jeune comtesse, laquelle son frốre refusa de payer sa lộgitime, suivit larmộe montộe sur une charrette Alors commenỗa cette ộpoque de rộaction et de retour aux idộes anciennes, que les Milanais appellent ôi tredici mesiằ (les treize mois), parce quen effet leur bonheur voulut que ce retour la sottise ne durõt que treize mois, jusqu Marengo Tout ce qui ộtait vieux, dộvot, morose, reparut la tờte des affaires, et reprit la direction de la sociộtộ: bientụt les gens restộs fidốles aux bonnes doctrines publiốrent dans les villages que Napolộon avait ộtộ pendu par les Mameluks en Egypte, comme il le mộritait tant de titres Parmi ces hommes qui ộtaient allộs bouder dans leurs terres et qui revenaient altộrộs de vengeance, le marquis del Dongo se distinguait par sa fureur; son exagération le porta naturellement à la tête du parti Ces messieurs, fort honnêtes gens quand ils n’avaient pas peur, mais qui tremblaient toujours, parvinrent à circonvenir le général autrichien: assez bon homme, il se laissa persuader que la sévérité était de la haute politique, et fit arrêter cent cinquante patriotes: c’était bien alors ce qu’il y avait de mieux en Italie Bientôt on les déporta aux bouches de Cattaro, et jetés dans des grottes souterraines, l’humidité et surtout le manque de pain firent bonne et prompte justice de tous ces coquins Le marquis del Dongo eut une grande place, et, comme il joignait une avarice sordide à une foule d’autres belles qualités, il se vanta publiquement de ne pas envoyer un écu à sa sœur, la comtesse Pietranera: toujours folle d’amour, elle ne voulait pas quitter son mari, et mourait de faim en France avec lui La bonne marquise était désespérée; enfin elle réussit à dérober quelques petits diamants dans son écrin, que son mari lui reprenait tous les soirs pour l’enfermer sous son à-vis une fenêtre fortement grillée et élevée, au-dessus du sol, de trois ou quatre pieds L’obscurité était profonde, Fabrice avait entendu quelque bruit dans cette fenêtre, et il en reconnaissait la grille avec la main, lorsqu’il sentit une main, passộe travers les barreaux, prendre la sienne et la porter des lốvres qui lui donnốrent un baiser Cest moi, lui dit une voix chộrie, qui suis venue ici pour te dire que je taime, et pour te demander si tu veux mobộir On peut juger de la rộponse, de la joie, de lộtonnement de Fabrice; aprốs les premiers transports, Clộlia lui dit: Jai fait vu la Madone, comme tu sais, de ne jamais te voir; cest pourquoi je te reỗois dans cette obscuritộ profonde Je veux bien que tu saches que, si jamais tu me forỗais te regarder en plein jour, tout serait fini entre nous Mais d’abord, je ne veux pas que tu prêches devant Anetta Marini, et ne va pas croire que c’est moi qui ai eu la sottise de faire porter un fauteuil dans la maison de Dieu —Mon cher ange, je ne prêcherai plus devant qui que ce soit; je n’ai prêché que dans l’espoir qu’un jour je te verrais —Ne parle pas ainsi, songe qu’il ne m’est pas permis, à moi, de te voir Ici, nous demandons la permission de passer, sans en dire un seul mot, sur un espace de trois années A l’époque où reprend notre récit, il y avait déjà longtemps que le comte Mosca ộtait de retour Parme, comme premier ministre, plus puissant que jamais Aprốs ces trois annộes de bonheur divin, lõme de Fabrice eut un caprice de tendresse qui vint tout changer La marquise avait un charmant petit garỗon de deux ans, Sandrino, qui faisait la joie de sa mốre; il ộtait toujours avec elle ou sur les genoux du marquis Crescenzi; Fabrice au contraire, ne le voyait presque jamais; il ne voulut pas quil saccoutumõt chộrir un autre pốre Il conỗut le dessein denlever lenfant avant que ses souvenirs fussent bien distincts Dans les longues heures de chaque journộe oự la marquise ne pouvait voir son ami, la prộsence de Sandrino la consolait; car nous avons avouer une chose qui semblera bizarre au nord des Alpes: malgrộ ses erreurs elle ộtait restộe fidốle son vu; elle avait promis la Madone, lon se le rappelle peut-ờtre, de ne jamais voir Fabrice; telles avaient ộtộ ses paroles prộcises: en consộquence elle ne le recevait que de nuit, et jamais il ny avait de lumiốres dans lappartement Mais tous les soirs il ộtait reỗu par son amie; et, ce qui est admirable, au milieu dune cour dộvorộe par la curiositộ et par lennui, les prộcautions de Fabrice avaient ộtộ si habilement calculộes, que jamais cette amicizia, comme on dit en Lombardie, ne fut mờme soupỗonnộe Cet amour ộtait trop vif pour quil ny eỷt pas des brouilles; Clélia était fort sujette à la jalousie, mais presque toujours les querelles venaient d’une autre cause Fabrice avait abusé de quelque cérémonie publique pour se trouver dans le même lieu que la marquise et la regarder, elle saisissait alors un prétexte pour sortir bien vite, et pour longtemps exilait son ami On était étonné à la cour de Parme de ne conntre aucune intrigue à une femme aussi remarquable par sa beauté et l’élévation de son esprit; elle fit ntre des passions qui inspirèrent bien des folies, et souvent Fabrice aussi fut jaloux Le bon archevêque Landriani était mort depuis longtemps; la piété, les mœurs exemplaires, l’éloquence de Fabrice l’avaient fait oublier; son frère né était mort et tous les biens de la famille lui étaient arrivés A partir de cette époque il distribua chaque année aux vicaires et aux curés de son diocèse les cent et quelque mille francs que rapportait l’archevêché de Parme Il ẻt été difficile de rêver une vie plus honorée, plus honorable et plus utile que celle que Fabrice s’était faite, lorsque tout fut troublé par ce malheureux caprice de tendresse —D’après ce vœu que je respecte et qui fait pourtant le malheur de ma vie puisque tu ne veux pas me voir de jour, dit-il un jour à Clélia, je suis obligé de vivre constamment seul, nayant dautre distraction que le travail; et encore le travail me manque Au milieu de cette faỗon sộvốre et triste de passer les longues heures de chaque journộe, une idộe sest prộsentộe, qui fait mon tourment et que je combats en vain depuis six mois: mon fils ne maimera point, il ne mentend jamais nommer Elevộ au milieu du luxe aimable du palais Crescenzi, peine sil me connaợt Le petit nombre de fois que je le vois, je songe sa mốre, dont il me rappelle la beautộ cộleste et que je ne puis regarder, et il doit me trouver une figure sérieuse, ce qui, pour les enfants, veut dire triste —Eh bien! dit la marquise, où tend tout ce discours qui m’effraye? —A ravoir mon fils! Je veux qu’il habite avec moi; je veux le voir tous les jours, je veux qu’il s’accoutume à m’aimer; je veux l’aimer moi-même à loisir Puisqu’une fatalité unique au monde veut que je sois privé de ce bonheur dont jouissent tant d’âmes tendres, et que je ne passe pas ma vie avec tout ce que j’adore, je veux du moins avoir auprès de moi un être qui te rappelle à mon cœur, qui te remplace en quelque sorte Les affaires et les hommes me sont à charge dans ma solitude forcộe; tu sais que lambition a toujours ộtộ un mot vide pour moi, depuis linstant oự jeus le bonheur dờtre ộcrouộ par Barbone, et tout ce qui nest pas sensation de lõme me semble ridicule dans la mộlancolie qui loin de toi maccable On peut comprendre la vive douleur dont le chagrin de son ami remplit lõme de la pauvre Clộlia; sa tristesse fut dautant plus profonde quelle sentait que Fabrice avait une sorte de raison Elle alla jusqu mettre en doute si elle ne devait pas tenter de rompre son vu Alors elle eỷt reỗu Fabrice de jour comme tout autre personnage de la société, et sa réputation de sagesse était trop bien établie pour qu’on en médỵt Elle se disait qu’avec beaucoup d’argent elle pourrait se faire relever de son vœu; mais elle sentait aussi que cet arrangement tout mondain ne tranquilliserait pas sa conscience, et peut-être le ciel irrité la punirait de ce nouveau crime D’un autre cơté, si elle consentait à céder au désir si naturel de Fabrice, si elle cherchait à ne pas faire le malheur de cette âme tendre qu’elle connaissait si bien, et dont son vœu singulier compromettait si étrangement la tranquillité, quelle apparence d’enlever le fils unique d’un des plus grands seigneurs d’Italie sans que la fraude fût découverte? Le marquis Crescenzi prodiguerait des sommes énormes, se mettrait lui-même à la tête des recherches, et tôt ou tard l’enlèvement serait connu Il n’y avait qu’un moyen de parer à ce danger, il fallait envoyer l’enfant au loin, à Edimbourg, par exemple, ou à Paris; mais c’est à quoi la tendresse d’une mère ne pouvait se résoudre L’autre moyen proposé par Fabrice, et en effet le plus raisonnable, avait quelque chose de sinistre augure et de presque encore plus affreux aux yeux de cette mère éperdue; il fallait, disait Fabrice, feindre une maladie; l’enfant serait de plus en plus mal, enfin il viendrait à mourir pendant une absence du marquis Crescenzi Une répugnance qui, chez Clélia, allait jusqu’à la terreur, causa une rupture qui ne put durer Clélia prétendait qu’il ne fallait pas tenter Dieu; que ce fils si chéri était le fruit d’un crime, et que, si encore l’on irritait la colère céleste, Dieu ne manquerait pas de le retirer à lui Fabrice reparlait de sa destinée singulière: —L’état que le hasard m’a donné, disait-il à Clélia, et mon amour m’obligent à une solitude éternelle, je ne puis, comme la plupart de mes confrères, avoir les douceurs d’une société intime, puisque vous ne voulez me recevoir que dans l’obscurité, ce qui réduit à des instants, pour ainsi dire, la partie de ma vie que je puis passer avec vous Il y eut bien des larmes répandues Clélia tomba malade; mais elle aimait trop Fabrice pour se refuser constamment au sacrifice terrible qu’il lui demandait En apparence, Sandrino tomba malade; le marquis se hâta de faire appeler les médecins les plus célèbres, et Clélia rencontra dès cet instant un embarras terrible qu’elle n’avait pas prévu; il fallait empêcher cet enfant adoré de prendre aucun des remốdes ordonnộs par les mộdecins; ce nộtait pas une petite affaire Lenfant, retenu au lit plus quil ne fallait pour sa santộ, devint rộellement malade Comment dire au mộdecin la cause de ce mal? Dộchirộe par deux intộrờts contraires et si chers, Clộlia fut sur le point de perdre la raison Fallait-il consentir une guộrison apparente, et sacrifier ainsi tout le fruit dune feinte si longue et si pộnible? Fabrice, de son cụtộ, ne pouvait ni se pardonner la violence quil exerỗait sur le cur de son amie, ni renoncer son projet Il avait trouvộ le moyen dờtre introduit toutes les nuits auprốs de lenfant malade, ce qui avait amenộ une autre complication La marquise venait soigner son fils, et quelquefois Fabrice ộtait obligộ de la voir la clartộ des bougies, ce qui semblait au pauvre cur malade de Clộlia un pộchộ horrible et qui prộsageait la mort de Sandrino Cộtait en vain que les casuistes les plus cộlốbres, consultộs sur lobộissance un vu, dans le cas oự laccomplissement en serait ộvidemment nuisible, avaient rộpondu que le vu ne pouvait ờtre considộrộ comme rompu dune faỗon criminelle, tant que la personne engagộe par une promesse envers la Divinité s’abstenait non pour un vain plaisir des sens mais pour ne pas causer un mal évident La marquise n’en fut pas moins au désespoir, et Fabrice vit le moment où son idée bizarre allait amener la mort de Clélia et celle de son fils Il eut recours à son ami intime, le comte Mosca, qui tout vieux ministre qu’il était, fut attendri de cette histoire d’amour qu’il ignorait en grande partie —Je vous procurerai l’absence du marquis pendant cinq ou six jours au moins: quand la voulez-vous? A quelque temps de là, Fabrice vint dire au comte que tout était préparé pour que l’on pût profiter de l’absence Deux jours aprốs, comme le marquis revenait cheval dune de ses terres aux environs de Mantoue, des brigands, soldộs apparemment par une vengeance particuliốre, lenlevốrent, sans le maltraiter en aucune faỗon, et le placốrent dans une barque, qui employa trois jours descendre le Pụ et faire le mờme voyage que Fabrice avait exộcutộ autrefois aprốs la fameuse affaire Giletti Le quatriốme jour, les brigands dộposốrent le marquis dans une ợle dộserte du Pụ, aprốs avoir eu le soin de le voler complốtement, et de ne lui laisser ni argent ni aucun effet ayant la moindre valeur Le marquis fut deux jours entiers avant de pouvoir regagner son palais à Parme; il le trouva tendu de noir et tout son monde dans la désolation Cet enlèvement, fort adroitement exécuté, eut un résultat bien funeste: Sandrino, établi en secret dans une grande et belle maison où la marquise venait le voir presque tous les jours, mourut au bout de quelques mois Clélia se figura qu’elle était frappée par une juste punition, pour avoir été infidèle à son vœu à la Madone: elle avait vu si souvent Fabrice aux lumières, et même deux fois en plein jour et avec des transports si tendres, durant la maladie de Sandrino! Elle ne survécut que de quelques mois à ce fils si chéri, mais elle eut la douceur de mourir dans les bras de son ami Fabrice était trop amoureux et trop croyant pour avoir recours au suicide; il espérait retrouver Clélia dans un meilleur monde, mais il avait trop d’esprit pour ne pas sentir qu’il avait beaucoup à réparer Peu de jours après la mort de Clélia, il signa plusieurs actes par lesquels il assurait une pension de mille francs à chacun de ses domestiques, et se réservait, pour lui-même, une pension égale; il donnait des terres, valant cent milles livres de rente à peu près, à la comtesse Mosca; pareille somme à la marquise del Dongo, sa mère, et ce qui pouvait rester de la fortune paternelle, à l’une de ses sœurs mal mariée Le lendemain, après avoir adressé à qui de droit la démission de son archevêché et de toutes les places dont l’avaient successivement comblé la faveur d’Ernest V et l’amitié du premier ministre, il se retira à la chartreuse de Parme, site dans les bois voisins du Pơ, à deux lieues de Sacca La comtesse Mosca avait fort approuvé, dans le temps, que son mari reprỵt le ministère, mais jamais elle n’avait voulu consentir à rentrer dans les Etats d’Ernest V Elle tenait sa cour à Vignano, à un quart de lieue de Casal-Maggiore, sur la rive gauche du Pơ, et par conséquent dans les Etats de l’Autriche Dans ce magnifique que palais de Vignano, que le comte lui avait fait bâtir, elle recevait les jeudis toute la haute société de Parme, et tous les jours ses nombreux amis Fabrice n’eût pas manqué un jour de venir à Vignano La comtesse en un mot réunissait toutes les apparences du bonheur, mais elle ne survécut que fort peu de temps à Fabrice, qu’elle adorait, et qui ne passa qu’une année dans sa chartreuse Les prisons de Parme étaient vides, le comte immensément riche, Ernest V adoré de ses sujets qui comparaient son gouvernement à celui des grands-ducs de Toscane TO THE HAPPY FEW End of the Project Gutenberg EBook of La Chartreuse de Parme, by Stendhal *** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA CHARTREUSE DE PARME *** ***** This file should be named 796-0.txt or 796-0.zip ***** This and all associated files of various formats will be found in: http://www.gutenberg.org/7/9/796/ Produced by Tokuya Matsumoto, HTML formatting by Walter Debeuf, Project Gutenberg Volunteer Updated editions will replace the previous one—the old editions will be renamed Creating the works from public domain print editions means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties Special rules, set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark Project Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you charge for the eBooks, unless you receive specific 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A cette condition, la brillante comtesse Pietranera, suivie de son mari, général commandant une des divisions de la garde, et de cinq ou six des plus grands personnages de la cour du vice-roi, vint assister à la distribution des prix chez les jésuites... le lac de Cơme l’industrie des pêcheurs place des lignes dormantes à une grande distance des bords L’extrémité supérieure de la corde est attachée à une planchette doublée de liège, et une branche de coudrier très flexible, fichée sur

Ngày đăng: 08/03/2020, 16:00

Từ khóa liên quan

Mục lục

  • LA CHARTREUSE DE PARME

  • LIVRE PREMIER

  • CHAPITRE PREMIER

  • CHAPITRE II

  • CHAPITRE III

  • CHAPITRE IV

  • CHAPITRE V

  • CHAPITRE VI

  • CHAPITRE VII

  • CHAPITRE VIII

  • CHAPITRE IX

  • CHAPITRE X

  • CHAPITRE XI

  • CHAPITRE XII

  • CHAPITRE XIII

  • LIVRE SECOND

  • CHAPITRE XIV

  • CHAPITRE XV

  • CHAPITRE XVI

  • CHAPITRE XVII

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